Ils le faisaient car c'était du bon sens. On est en 2022 et l'humanité n'a jamais eu accès à autant de connaissances et, paradoxe, on dirait que bien du bon sens a disparu. Peut être parce qu'il est moins coûteux en énergie immédiate de céder à la facilité et de racheter ? Renouveler sans cesse ? Et par extension la fameuse course au profit qui nous fait sombrer dans un non sens et une panique généralisée en ces temps de pandémie.
A la base de cette réflexion : le fait de vider la maison de mes grands-parents.
C'est bien beau, de vouloir vivre en accord avec ses principes, de vouloir les appliquer, de vouloir faire au mieux en fonction de ses convictions, mais comment fait-on ?
Je ne sais pas. Mais j'essaye. Notamment, je ne détruis pas une forêt pour faire une maison à la dernière mode (avec toit plat dans une région ultra pluvieuse, une piscine chauffée et une terrasse en ardoises, v'voyez l'idée) Je rénove. Je trie tout son contenu. Je vais nettoyer les meubles qui peuvent resservir, les poncer car ils sont en bois, les traiter et les repeindre. Certains ont plus de 150 ans.
Ces meubles contenaient encore de la vaisselle, des papiers, des photos. Mais aussi des vêtements de ma grand-mère et de mon grand-père, ainsi que de leur plus jeune fille.
Comme si tout ce petit monde avait quitté la maison hier.
J'ai trouvé deux sacs à main utilisés le dimanche, pour la messe, avec petit missel, chapelet et gants. Et des vêtements. Peu, mais d'excellente qualité, et tellement intemporels. J'ai trié et gardé ceux en bon état. J'avoue espérer pouvoir en porter certains. Ceux de ma grand-mère, et certains gilets. Mais que les pantalons de ma tante sont petits ! Ils correspondent à un 34/36... quelle taille de guêpe ! Ça me fait du stock pour mon idée de brocante, pourquoi pas un espace friperie ?
Pour ceux qui sont trop abimés et pour lesquels je n'ai aucune idée de comment les repriser, j'ai fait comme ma mamie : j'ai récupéré les boutons. De véritables beauté pour certains, les plus anciens étant en verre opalin.
J'ai pris la photo au tout début de la récolte.La tradition est perpétuée.
Ce qui m’emmène à l'armoire de mon grand-père. Autant la précédente était entourée de mystères et d'une aura féminine, présence des effets personnels de deux femmes, dont une que je n'ai connue que brièvement à la fin de sa vie et l'autre que j'ai connue après ses 30 ans, autant j'ai bien connu mon grand-père. Revoir toutes ses vestes de costumes, ses manteaux plus ou moins chauds, avec les contenus des poches intacts : petits calepins accompagnés de petit crayon à papier, peigne de voyage, et, mouchoirs en tissus. Un mouchoir dans chaque veste.